Carl Boileau claque la porte de Projet Montréal
Par Daphnée Tranchemontagne
Publié dans Le Plateau
Le 1er octobre 2012
« Je me résous à quitter l’administration Ferrandez. Ce n’est pas un rejet de mon parti, Projet Montréal. J’ai consacré beaucoup d’énergie dans cette entreprise-là et j’y crois toujours. Je pense néanmoins que ma décision s’inscrit dans l’intérêt des citoyens », a indiqué d’entrée de jeu, Carl Boileau, le conseiller d’arrondissement démissionnaire à l’occasion d’un point de presse, le 1er octobre.
Pour justifier cette décision, celui qui a été élu dans le district De Lorimier évoque des dissensions entre le maire de l’arrondissement, Luc Ferrandez, et lui. Il estime également que la présence au conseil municipal de sept représentants d’une même formation politique nuit à la transparence et à la démocratie.
« Cette dynamique était peut-être la meilleure chose en début de mandat pour démontrer qu’il y avait un changement de garde face aux fonctionnaires. Mais force est de constater que ce n’est pas la configuration la plus favorable à la démocratie locale.
« C’est la fonction qui fait le larron. Dans la structure actuelle de la Ville de Montréal, je crois que les maires ont beaucoup trop de pouvoir. Pour les conseillers comme moi, le pouvoir se limite à l’influence qu’on a sur eux. Depuis quelque temps, il y avait un bris de confiance entre le maire, moi et les citoyens. C’était rendu insoutenable, j’ai donc décidé de mettre mes culottes », a déclaré M. Boileau.
Il affirme qu’il n’était plus en mesure de « faire avancer ses dossiers » et que tous les projets de grande envergure lui étaient retirés. Si aucun incident en particulier n’est à l’origine de ce désaveu, il dit néanmoins que les désaccords au sein de la formation datent de la mise en œuvre du plan d’apaisement de la circulation.
« C’est là que j’ai perdu confiance. Plusieurs personnes qui savaient qu’il n’y aurait pas de mesures implantées dans mon district, malgré ce qui avait été annoncé. On a créé une réaction et je n’avais pas les outils pour défendre les citoyens. Quand t’apprends les mesures en même temps qu’eux, tu es un peu comme le dindon de la farce », a-t-il confié en entrevue avec le journalLe Plateau, amer.
M. Boileau dit qu’il a longtemps cogité sa décision et qu’il attendait que la phase II du plan d’apaisement soit terminée avant de démissionner.
« La phase II existe depuis longtemps. Elle a été présentée en février au maire qui ne l’aimait pas. Finalement, on s’est entendus sur un plan qui redonne un accès à l’avenue du Mont-Royal depuis le quartier pour compenser. Luc voit ça comme un recul pour les commerçants. C’est un plan ambitieux et qui a le mérite de pallier les problèmes de la phase I », a-t-il fait valoir, pressant la réalisation de ce projet avant la tenue du prochain scrutin.
Avenir politique
Quant à son avenir politique, le conseiller démissionnaire entend se présenter lors des prochaines élections. Pour l’instant, il n’envisage pas joindre une autre formation, soutenant qu’à son avis, Projet Montréal demeure la meilleure option.
Il a néanmoins évoqué l’idée de « rapprocher » les forces des deux partis d’opposition (Projet Montréal et Vision Montréal) pour « battre [Gérald] Tremblay et la corruption, avant que [Denis] Coderre n’arrive dans le décor ».
Questionné à savoir s’il envisagerait de retourner au sein de Projet Montréal si le maire Ferrandez quittait, le conseiller n’a pas fermé la porte, indiquant toutefois que cette éventualité était peu probable.
L’Est du Plateau
En siégeant à titre de conseiller indépendant, M. Boileau croit pouvoir mieux défendre les intérêts de ses concitoyens en « retrouvant sa liberté d’expression ».
« [Projet Montréal] a certaines lacunes surtout au niveau des communications, même si ça s’améliore. On a une culture où on veut aller plus vite que nécessaire. On impose et on arrive rapidement avec des projets qui sont mal expliqués, ce qui crée un certain stress dans la communauté. Il faut que les gens aient davantage accès à leur conseiller et c’est ce que les citoyens avaient perdu depuis quelques années.
«Je ne suis plus dans le secret des dieux pour des dossiers majeurs de mon district et, pour le commun des mortels, c’est moi qui suis la personne-ressource. Je me retrouvais donc dans une situation intenable », avance M. Boileau, avouant que depuis quelque semaines, il ne prend plus la peine de répondre aux courriels de ses concitoyens qui l’interpellent, se sentant mal à l’aise de justifier des initiatives qui lui ont été imposées.
Parmi les dossiers que souhaite défendre le représentant du district De Lorimier, notons le transfert du garage de la STM, le plan de Quartier vert, le réaménagement de l’avenue du Mont-Royal, la répartition des investissements et la vision de développement de l’Est du Plateau. Il veut également entamer une série de cafés-rencontres, visant à réinstaurer les conseils de citoyens