Plus de colistiers = moins de corruption
Par Frédéric Lapointe
Publié dans le blogue de La ligue d’Action civique
Le 23 janvier 2013
Le mercredi le 23 janvier 2013, j’ai envoyé un communiqué demandant au Gouvernement du Québec de légiférer pour instaurer l’usage de colistier dans toutes les villes du Québec. Je l’ai fait en contredisant explicitement la prise de position toute récente du conseil de ville de Gatineau. C’est la deuxième fois que nous sommes en contradiction avec la mairie de Gatineau – une ville exemplaire pour laquelle nous n’avons aucun reproche – et ceci demande quelques explications.
Pour l’histoire, nous sommes intervenus une première fois à Gatineau pour dire qu’il était possible qu’un parti politique municipal ne soit pas « corrompu ». La Ligue promeut l’engagement politique des citoyens, à l’aide ou non de la mise sur pied de partis politiques, et nous ne pouvons rester sans réagir lorsqu’une forme d’engagement est l’objet d’un procès opportuniste.
Dans ce cas-ci, il est vraiment difficile de comprendre pourquoi un conseil municipal, à l’invitation de la mairie, prend la peine de se prononcer ouvertement contre un moyen évident d’encouragement des candidatures alternatives. Dans le contexte actuel où on découvre que des régimes corrompus sont restés au pouvoir à peu près incontestés pendant des décennies dans certaines villes, peut-on vraiment vouloir moins de concurrence politique? Des candidatures moins intéressantes? Des oppositions décapitées entre les élections? Des alternatives moins préparées à prendre le pouvoir?
J’aurais nettement préféré répondre à un Gilles Vaillancourt, forcément lui aussi contre le principe du colistier et contre toute forme de dissidence d’ailleurs pour les raisons qu’on connait. Malheureusement, il n’est plus là. Ceci ne nous excuse pas: il faut apporter des changements structurels et culturels à la politique municipale pour qu’il soit moins facile à des Gilles Vaillancourt de s’installer confortablement. Peut-on imaginer le conseil de ville de Montréal sans Louise Harel? Sans Richard Bergeron? Dans le cas du chef de Projet Montréal, il convient de rappeler qu’il a été élu dès 2005 au conseil de ville grace à la victoire de son colistier, Carl Boileau, sur le Plateau-Mont-Royal. Est-ce que ce parti serait aujourd’hui une alternative aussi sérieuse, n’eut-été du colistier en 2005?
Je suis convaincu qu’il est possible de s’entendre sur ces questions mais au préalable il faut prendre de la hauteur et regarder l’ensemble de la scène politique et de l’institution municipale, pas simplement considérer son statut de maire sortant ou d’acteur politique partisan.
Pour consulter le communiqué:
http://www.newswire.ca/fr/story/1103341/-plus-de-colistier-moins-de-corruption-la-ligue-d-action-civique-contredit-gatineau