Médias sociaux: apprivoiser la bête
Par Daphnée Tranchemontagne
Publié dans Le Plateau
Le 11 janvier 2013
Des politiciens parlent de leur utilisation des médias sociaux
Si les élus du Plateau-Mont-Royal voient dans l’utilisation des médias sociaux de nombreux avantages, ils se disent également conscients des limites et des risques qu’ils comportent.
Parmi les principales raisons évoquées pour utiliser les médias sociaux, on cite souvent la proximité avec les gens et l’instantanéité des échanges. Or, si celles-ci sont souvent souhaitables, elles peuvent parfois mettre les personnalités publiques sur la corde raide. Les élus sont souvent invités à « réagir à chaud » sur divers dossiers. Est-ce leur rôle de prendre position et de donner leur opinion?
Les conseillers Richard Ryan, Alex Norris, Josée Duplessis hésitent à le faire et disent se fixer des «limites».
« Pour moi, ce n’est pas le rôle d’un élu de donner son opinion à chaud. Mon idée personnelle n’est celle que d’une simple citoyenne. Par contre, lorsqu’il est question de sujets en lien avec mes champs d’expertise, comme l’environnement, je n’hésite pas.
« J’écris à chaud ce qui se passe quand il s’agit d’information, comme au conseil d’arrondissement. Les gens semblent apprécier. Par contre, s’il est question d’opinion, j’essaie de demeurer prudente », soutient Mme Duplessis.
« On ne peut pas tout dire sur Facebook ou Twitter, surtout lorsque l’on est une personnalité publique. En même temps, les gens réclament de plus en plus que les politiciens n’aient plus la langue de bois. La question est de savoir trouver un équilibre, pour ne pas regretter ce qui a été dit », nuance M. Ryan.
M. Norris, quant à lui, évite autant que possible certains sujets sensibles, comme les questions nationales et linguistiques.
M. Boileau, lui, ne se gêne pas pour prendre position face à divers enjeux pour lancer la discussion, même si elle est mouvementée. Il avoue avoir une « grande tolérance à la liberté d’expression ».Cela lui a d’ailleurs valu quelques mises en demeure, avoue-t-il.
« J’aime beaucoup mélanger les sujets dans mon compte personnel, sur lequel on retrouve mes amis, ma famille, des collègues, mais aussi des connaissances et des journalistes. Je veux pouvoir dire la même chose à tout le monde. Cette transparence me convient et je m’émancipe dans les médias sociaux. Je n’utilise pas beaucoup mon compte professionnel, où j’essaie d’être moins controversé.
« Je n’ai pas peur de me soumettre au jugement des gens. Il y a une part de chaos en démocratie. Si on commence à trop filtrer, à trop calculer, on passe à côté de l’intérêt des médias sociaux. Je me considère comme un militant de la transparence », plaide-t-il.
Quand le privé devient public…
Dans la liste « d’amis Facebook » se côtoient souvent amis réels et connaissances. Comment faire pour éviter que sa vie privée soit exposée à tous?
« Quand on publie des informations personnelles, les gens aiment ça. Par contre, j’essaie que ça demeure minime sur ma page », estime M. Ryan.
Mme Duplessis limite elle aussi ce type d’intervention, quoiqu’il lui arrive parfois d’en faire. Récemment, elle a publié une photo de son fils faisant du ski en compagnie de sa grand-mère.
« J’ai réfléchi longtemps avant de la mettre. De manière générale, je suis assez timide sur ma vie privée. Dans ce cas-ci, j’ai décidé de la mettre pour faire la promotion de l’activité physique. Je trouvais que le meilleur moyen de le faire, c’était en montrant que moi-même j’en fais, avec mon fils. Si moi qui suis super occupée arrive à le faire, tout le monde peut le faire. C’est important d’humaniser la fonction, particulière pour une femme, afin d’en attirer davantage en politique », plaide-t-elle.