Accueil

Bourque n’est plus certain de vouloir être chef de l’opposition

par Jeanne Corriveau
dans Le Devoir
le mardi 8 novembre 2005, p. a4

Les suites des élections municipales
Bourque n’est plus certain de vouloir être chef de l’opposition
Son parti envisage de réclamer un second dépouillement général

Pierre Bourque ne sait plus s’il demeurera chef de l’opposition à l’Hôtel de Ville de Montréal. Défait par Gérald Tremblay au scrutin de dimanche, il entend prendre une décision sur son avenir politique d’ici à vendredi. Par ailleurs, le chef de Vision Montréal (VM) envisage de réclamer un dépouillement judiciaire partiel ou général des résultats, compte tenu d’anomalies constatées à la suite du vote électronique.

Dimanche soir, quelques minutes après avoir concédé la victoire à son adversaire, Pierre Bourque avait déclaré qu’il entendait bien demeurer à son poste de chef de l’opposition. «Je vais décanter tout ça demain. Je dois, je vais rester, avait-il dit. Je suis un homme de parole. Je suis là pour rester.» Ces déclarations avaient de quoi étonner, puisque M. Bourque avait déjà avoué qu’il n’avait guère envie de demeurer bien longtemps dans les rangs de l’opposition en cas de défaite.

Mais voilà qu’hier, il a changé son discours. «Il se donne jusqu’à vendredi pour prendre une décision, l’assermentation ayant lieu vendredi, a indiqué hier son attachée de presse, Suzanne Gagnon. Rappelons que la colistière de M. Bourque, Nicole Thibault, a été élue dans l’arrondissement de Rosemont-Petite-Patrie et pourrait permettre au chef de l’opposition de siéger au conseil.

D’ici là, Pierre Bourque décidera s’il exigera un dépouillement judiciaire des résultats du scrutin de dimanche. «Il y a eu beaucoup de bulletins rejetés. Dans certains endroits, il y en a 1800 par arrondissement. Quelqu’un qui perd par 14 voix peut se poser des questions. La confiance envers le système [de vote électronique] n’est pas très forte», a précisé Suzanne Gagnon. Hier après-midi, Pierre Bourque a donc rencontré l’ensemble des candidats ainsi que les avocats du parti afin d’examiner la question et il dévoilera ce matin, en conférence de presse, sa décision au sujet d’un éventuel second dépouillement.

Au bureau de la présidente d’élections de Montréal, où on se remettait de peine et de misère des événements de la veille alors qu’on avait eu des problèmes majeurs de transmission des résultats, on ne se formalisait pas des propos de M. Bourque.

Ce n’est qu’au cours de la nuit de dimanche à lundi que le bureau de la présidente d’élections de Montréal a finalement pu dévoiler les résultats du scrutin.

Le maire Gérald Tremblay, qui a été réélu avec 53,9 % des voix contre 36,2 % pour Pierre Bourque, a réussi à ravir à son adversaire la mairie de l’arrondissement de Ville-Marie en faisant élire l’un de ses candidats-vedettes, Benoit Labonté, qui l’a finalement emporté avec une majorité de 839 voix sur son adversaire Robert Laramée après une lutte très serrée.

L’Union des citoyens de l’île de Montréal (UCIM) a également fait mal à Pierre Bourque en remportant la mairie de Rosemont-Petite-Patrie, un bastion de Vision Montréal. André Lavallée, qui a défait Denise Larouche (VM), sera accompagné de deux élus de l’UCIM, mais devra composer avec deux conseillers du camp adverse, François Purcell et Nicole Thibault (colistière de M. Bourque).

L’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, actuellement dirigé par trois élus de VM, est également passé aux mains de l’UCIM avec l’élection de Marie-Andrée Beaudoin. Noushig Eloyan (VM), qui avait préféré poser sa candidature comme conseillère plutôt que comme mairesse, a été la seule de l’équipe de Pierre Bourque à être élue dans cet arrondissement.

Au total, le parti de Gérald Tremblay a remporté 15 mairies d’arrondissement en faisant élire aisément plusieurs membres du comité exécutif, soit Frank Zampino (Saint-Léonard), Alan DeSousa (Saint-Laurent), Stéphane Harbour (Outremont), Claude Dauphin (Lachine), Marcel Parent (Montréal-Nord), Helen Fotopulos (Plateau-Mont-Royal) et Cosmo Maciocia (Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles). Dans Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, toute l’équipe de l’UCIM a été élue, tout comme dans L’Île-Bizard-Sainte-Geneviève, Pierrefonds-Roxboro et Verdun.

Le parti de Pierre Bourque n’a remporté que trois mairies d’arrondissement, soit Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Sud-Ouest et Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension. Ironiquement, il s’agit d’arrondissements qu’il avait gagnés en 2001, mais dont les mairies étaient passées aux mains de l’UCIM à la suite des défections d’Ivon Le Duc, de Jacqueline Montpetit et de Paolo Tamburello qui ont rejoint le camp de Gérald Tremblay.

Finalement, L’Équipe Anjou, dirigée par Luis Miranda, a obtenu tous les sièges dans Anjou.

Le scrutin de dimanche a également été marqué par l’élection de deux candidats de Projet Montréal dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, soit Carl Boileau et Émilie Thuillier, ce qui permettra au chef de ce jeune parti, Richard Bergeron, de siéger au conseil municipal puisque M. Boileau était son colistier. «Le seuil de crédibilité de Projet Montréal a été franchi, a indiqué M. Bergeron, ravi d’avoir obtenu 8,5 % des suffrages à la mairie de Montréal. Je vais tenter de faire progresser les idées de Projet Montréal afin de faire en sorte qu’il colore le plus possible toutes les politiques à venir de la Ville de Montréal. Il faut que j’arrive avec un esprit de collaboration.»

Le prochain conseil municipal sera donc formé du maire de Montréal, de 48 élus de l’UCIM, de 14 conseillers de VM, de deux conseillers de l’Équipe Anjou et de Richard Bergeron, de Projet Montréal.


Cette section de mon blogue principal
est dédiée à Josée Legault, inspiratrice de mon cheminement politique.
Puis aussi, à tous les autres journalistes impliqués par le juste récit de notre histoire collective.