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Le cauchemar des punaises de lit

par Daphné Angiolini
publié dans Le Plateau
le 26 janvier 2011

Les grands centres urbains de l’Amérique du Nord font actuellement face à un sérieux problème de punaises de lit et Montréal ne fait pas exception à la règle. L’Institut national de santé publique qualifie même la situation d’épidémie. Pour l’heure, l’arrondissement du Plateau Mont-Royal planche sur un règlement qui contribuerait à éradiquer le problème.

Il y a environ trois mois, le conseiller municipal et ancien technicien en gestion parasitaire Carl Boileau a été mandaté par le maire du Plateau Mont-Royal pour piloter un projet visant à freiner la multiplication des punaises de lit sur le territoire. « Je m’inspire de ce que le maire Jean Drapeau avait fait pour contrer le problème des coquerelles : responsabiliser tous les intervenants, des locataires aux propriétaires en passant par la Ville, explique M. Boileau. Le locataire est en première ligne pour révéler la présence du parasite. Mais il a souvent peur d’être évincé ou d’avoir une mauvaise image ».

Le projet pilote du Plateau pourrait donc obliger le locataire à révéler la présence de punaises au propriétaire. Selon le conseiller, peu de gens savent que les propriétaires sont légalement responsables d’offrir un logement sans parasites. « Du moment que le propriétaire est averti, sa responsabilité légale est de prendre tous les moyens mis à sa disposition pour faire appel à des spécialistes. Et c’est le propriétaire qui paie les frais. Mais ce règlement est peu connu», souligne Carl Boileau.

La guerre aux matelas

Les vieux matelas et le mobilier de chambre que les citoyens ramassent sur le trottoir pourraient également faire l’objet d’un règlement. « Ces objets constituent d’importants vecteurs de punaises de lit. Le 1er juillet, on va donner un gros coup pour s’en débarrasser le plus vite possible. Nous allons aussi activer le volet communication et sensibiliser les gens au problème», lance M. Boileau, qui compte également faire le tour des friperies. « C’est simple de mettre un avis sur chaque pièce, suggérant au gens de nettoyer leur linge après l’achat. Nous voulons faire beaucoup de choses. Lesquels seront réalisables pour l’arrondissement? C’est ce que nos services juridiques sont en train d’étudier», ajoute-t-il. Ce qui pousse les élus à agir rapidement, c’est aussi parce que ces petites bestioles ont pris d’assaut les blocs institutionnels. « Notre projet de règlement est aussi un prétexte pour mettre en lumière un problème plus grand : les punaises de lit sont rendues dans les CLSC, les hôpitaux et même les ambulances », s’inquiète Carl Boileau. Autre problème de taille selon le conseiller : les cas de punaises sont tellement nombreux que certaines personnes « s’inventent » exterminateur. « Ça amène un problème de santé publique parce que certains d’entre eux utilisent des produits illégaux », affirme-t-il. Pour remédier au problème, la nouvelle réglementation pourrait obliger les exterminateurs à envoyer un rapport au service d’inspection de la Ville après chaque intervention. « De la sorte, on pourrait avoir une vision d’ensemble du territoire, savoir où sont les punaises, comprendre l’origine des infestations, superviser le travail des exterminateurs et nous assurer qu’ils ont un numéro de matricule, argue M. Boileau. En ce moment, il y a un marché noir de produits non réglementaire ». « Beaucoup de personnes ne font pas appel à des exterminateurs qualifiés ou se chargent eux-mêmes du problème en utilisant des insecticides ou des produits maisons dangereux. On craint que cela cause des problèmes de santé », soutient pour sa part le Dr Stéphane Perron, spécialiste en médecin communautaire. Selon ce dernier, la présence de punaises de lit peut également affecter la qualité du sommeil et déclencher des problèmes d’anxiété, voire de dépression.


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