Mercier – Des renforts pour Claudel Toussaint
par Marie-Claude Lortie
dans La Presse
le samedi 24 mars 2001, p. A10
Le Parti québécois envoie des renforts pour aider le candidat Claudel Toussaint à faire campagne dans Mercier en prévision de l’élection partielle du 9 avril.
Après Bernard Landry, venu lundi ouvrir officiellement le bureau du candidat du PQ dans Mercier, c’était au tour du ministre du Travail et de la Solidarité, Jean Rochon, de faire une petite visite hier.
M. Rochon et M. Toussaint ont visité le Resto-Plateau, un organisme de formation et d’aide à l’intégration sur le marché du travail, dans le domaine de la restauration. Ils ont ensuite discuté avec une quinzaine de représentants de groupes communautaires du Plateau, rencontre dont ont été exclus les journalistes.
En point de presse, le ministre et le député ont parlé de l’engagement social du Parti québécois, de lutte contre la pauvreté et d’autres sujets aptes à plaire à l’électorat social-démocrate qui se fait hautement courtiser actuellement dans ce comté.
Certains croient en effet que Paul Cliche, candidat de l’Union des forces progressistes, une coalition de partis de gauche (verts, socialistes, progressistes et communistes) est en train de faire mal au candidat péquiste dans ce comté qui a pourtant élu sans interruption des candidats du PQ depuis 1976, avec de fortes majorités.
M. Cliche a reçu cette semaine l’appui du député fédéral néo-démocrate Svend Robinson, ainsi que le soutien de 11 anciens membres du Parti québécois qui ont décidé de délaisser une formation trop à droite à leur goût. Parmi eux, il y a Pierre Boileau, un ancien président du PQ de Mercier (cet appui n’est pas réellement nouveau puisque M. Boileau était là au lancement de la campagne Cliche) et son fils Carl Boileau, qui s’est présenté contre M. Toussaint à l’investiture péquiste dans Mercier. (Son passage y a été fort remarqué, M. Boileau fils ayant lancé au moment de l’assemblée d’investiture un message d’appui retentissant à Yves Michaud.)
Hier, au Resto-Plateau, M. Toussaint a expliqué qu’il était très social-démocrate et que le PQ avait été social-démocrate en faisant les compressions nécessaires pour rétablir la santé des finances publiques et se bâtir une « marge de manoeuvre ». « Ces gens-là n’ont pas le monopole de la social-démocratie », a-t-il dit de ses adversaires.
Et les libéraux, avec Nathalie Rochefort (une ancien néo-démocrate) et l’Action démocratique, avec André Larocque (un ancien péquiste de gauche), font eux aussi campagne sur ce terrain de gauche.
Hier, M. Rochon s’est lui aussi déclaré social-démocrate. « Tout social-démocrate qu’on était, il fallait se redonner des moyens », a dit celui qui a supervisé des compressions massives dans le secteur de la santé dans le cadre de la politique de déficit zéro du Parti québécois.
Il a ajouté que son gouvernement avait même réussi à mettre en place des mesures social-démocrates durant ces périodes de vaches maigres, comme la loi sur l’équité salariale, une politique familiale et un fonds de lutte contre la pauvreté.
Là où M. Toussaint (et le gouvernement péquiste) diffère complètement de M. Cliche, c’est dans le dossier de la Zone de libre-échange des Amériques.
Hier, M. Toussaint a rappelé que le Parti québécois était en faveur du libre-échange et ce, depuis le début. Selon lui, ce qui est maintenant important, c’est l’indépendance du Québec afin qu’il puisse défendre lui-même ses intérêts sur la scène internationale.
M. Rochon a lui aussi insisté sur l’appui du PQ à « l’ouverture sur le monde » et il a indiqué que depuis l’ouverture des frontières commerciales, « le Québec s’en est bien tiré ».
M. Cliche, lui, est farouchement opposé à la ZLEA. « Dire non à la ZLEA fait partie du combat pour une société démocratique, juste et égalitaire et c’est un geste essentiel à poser pour garder entre nos mains la maîtrise de notre avenir collectif », peut-on lire dans sa plate-forme électorale.