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Mercier : le comté le plus drôle du Québec

par Michel Corbeil
dans Le Soleil
le samedi 10 novembre 2001, p. A11

Mercier, comté montréalais où les choses ne se font jamais comme ailleurs, promet d’être le théâtre, lors de la prochaine élection générale, d’une bataille entre, dirons-nous, jeunes coqs. Des leaders politiques fraîchement issus de groupes de pression défendant les intérêts de la jeunesse.

Dans le coin gauche, particulièrement encombré, portant le gilet bleu du Parti québécois, deux anciens présidents de la Fédération étudiante universitaire du Québec, François Rebello et Daniel Baril, et deux noms associés à la relève du Parti québécois, Carl Boileau et Pierre Tadros. Ils viennent d’être élus sur   l’exécutif  du PQ local, qui compte aussi un membre fondateur de Forces Jeunesse, dont faisait partie M. Rebello, Frédéric Lapointe.

Dans le coin opposé, défendant les couleurs du Parti libéral du Québec, la députée actuelle, Nathalie Rochefort, qui œuvrait jusqu’au printemps auprès des jeunes de la rue dans Mercier, aura bientôt comme président d’association de comté Michel Philibert. Il s’agit de l’ex-président du Conseil permanent de la jeunesse et conseiller jusqu’au début de l’été du chef libéral Jean Charest sur les dossiers ayant trait à la génération montante.

« Michel (Philibert) ? Je le connais, c’est sûr « , a répondu en riant François Rebello. » Disons qu’on se connaît bien « , a fait savoir avec le même sourire entendu M. Philibert.

Une bataille de jeunes ?  » Je ne le sais pas, a dit évasivement ce dernier. Mais c’est correct. On est rendu dans les grandes ligues et on se fait face encore, a ajouté Michel Philibert. C’est dans les premiers affrontements (à un niveau plus national) entre jeunes de notre génération, les moins de 40 ans.  »

Mercier représente tout, sauf une circonscription typique de l’électorat québécois. C’est là qu’en 1976 un poète, Gérald Godin, a infligé une cuisante défaite à un premier ministre, Robert Bourassa. L’an dernier, une animatrice communautaire, Nathalie Rochefort, a mis fin à près un quart de siècle de règne péquiste en profitant de la division du vote engendrée par un véritable ralliement de la gauche indépendantiste contre le PQ.

Mercier, dont un des militants souverainistes les plus connus est Yves Michaud, s’est aussi fait remarquer de longue date pour ses querelles intestines, notamment entre purs et durs et dirigeants du PQ. Les libéraux semblent d’ailleurs miser sur le nouvel exécutif du PQ pour se maintenir en poste.

« Tadros et (Louis) La Rochelle (le président de l’exécutif péquiste de Mercier), c’est pas la même faction, a insisté un organisateur influent au PLQ. Baril et Rebello, non plus. Carl Boileau revient au PQ après avoir milité pour la coalition de gauche. C’est de la chicane assurée. »

François Rebello fait une lecture bien différente de la situation interne du PQ. Bien sûr, différentes tendances sont présentes à l’exécutif, a-t-il admis.  » C’est un exécutif de la réconciliation. C’est sûr que nous ne sommes pas toujours d’accord avec les décisions du gouvernement. Mais si nous laissons aller le comté aux libéraux, on va s’en vouloir. Et nos héritiers aussi. «


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